On mange bien, en France. Cuisine gastronomique, finesse, créativité, produits de la ferme, l'art de vivre autour de la table ... Je prends place et regarde mon assiette. Commence à chercher le petit détail qui réjouit l'oeil déjà et amuse le palais en attente de futurs délices. Un brin de persil, une petite tomate, une feuille de salade. Je trouve: l'aliment tel qu'il était marqué sur la carte, dans son état brut. Rien de plus. La bavette. Point. Le sandwich rillettes. Point. Sans cornichon. Je mange. Non, je m'alimente. Je paye le prix fort et m'en vais, accompagnée par un air de déception et l'estomac plus lourd que rassasié.
Où chercher ces tables légendaires, ces plats raffinés, ces jouissances promises dans tous les guides? Les brasseries, les cafés mondains, les terrasses de village, les petits restos du coin ... Oui, on trouve les perles rares. Trop rares. Une réalité qui ne correspond plus à une réputation que l'on croit toujours acquise. Au sud et au nord de la Loire.
Et de l'autre côté du Rhin? Je vois des assiettes soigneusement préparées: le physalis délicatement ouvert, quelques baies qui se regroupent joyeusement à côté de ma bavette ... l'oeil jubile, les papilles gustatives et le porte-monnaie aussi.
Le monde à l'envers? Toujours pareil: Le déclin commence à partir du moment où l'on prend quelque chose pour acquis...
Essen wie Gott in Frankreich, manger comme dieu en France, décidément cette phrase ne correspond (en tout cas dans mon paris quotidien) plus à la réalité. S'ajoutent au service légendairement désagréable (car parisien!: c'est l'excuse qui n'étonne plus personne): le pain du croque-monsieur carbonisé (trois fois de suite dans une vieille brasserie d'une grande avenue chic). La souris qui grimpe le joli mur en pierres brutes après un menu à 25 euros (entrée +plat) dont les moules de l'entree datent non seulement d'apres leur odeur, mais aussi avec l'affirmation du maître des lieux, d'il y a trois jours. Celui-ci n'a pas honte de l'admettre- de toutes façons il n'ya pas de marché le dimanche, ajoute-t-il en souriant. Mais, échange le plat et s'excuse, tout de même.
L'envie du bon, le plaisir de la cuisine, ou sont -ils passés?
Trève de cette liste de déceptions culinaires au pays des délices, là, ou j'ai appris le goût, l'utilisation de mes papilles. Le fait est, je refuse de plus en plus souvent les restaurants parisiens-trop mauvais, voir émetiques. Quelques endroits soigneusement choisis font l'exception. ...toujours mieux une assiette simple de légumes frais, gouteux, venant du marché du jour, préparé toute seule à la maison. Et puis c'est bio et ne serait-ce seulement pour le gout! Quelle surprise j'ai vécu à la visite récente de Berlin. Des brunchs à 8 euros, des plats gigantesques, remplis que de mets frais, un café à lui seul proposant au moins 7 variétés de petit déjeuners différents, pour carnivores, végétariens, végétaliens,...éspèces inconnues dans la nutrition à la parisienne. Des dîners grecs tout frais tout bon, à des prix défiants toutes concurrences. Pareil, la liste est tronquée.
Que se passe-t-il? Les français ont -ils perdu leurs sens du bon -vivre? Envoyons - les en vacances gustatives: à Berlin.
Rédigé par : Julia | 01 octobre 2007 à 15:03