Chaque personne qui grandit pourrait être ........ le détonateur d'une réaction en chaîne qui, en elle-même, est capable de changer le monde (Jorge Bucay).
La force est là, la conscience a du mal à suivre. Quel impact celui d'un sourire, d'un simple geste quelconque, d'un regard. Je te vois. Je t'écoute. Et celui de la parole ... non mesurable puisque, une fois libérée, elle commence à s'envoler, à créer sa propre vie. Comme dans ce toujours passionnant Niebla de Miguel de Unamuno, où le protagoniste au moment de sa mort va voir son auteur, en chair et en os, à l'université de Salamanca pour lui faire savoir son désaccord.
Je te vois ... Une des représentations de l'enfer consiste à montrer deux personnes attachées dos à dos. Non nourrie, non partagée, la force ne se reconnaît pas et s'endort. Blottie derrière les conventions, les règles établies par d'autres, les institutions. Puisqu'elle a oublié sa valeur, elle cherche à se valoriser à travers d'autres qu'elle trouve plus forts et plus beaux, appuyée sur ceux qu'elle considère moins forts et moins beaux. Et puisqu'elle se croit toute petite, elle ne peut pas se sentir responsable.
Créer veut dire réveiller la force endormie. Puiser, tâtonner, oser. Se montrer et risquer d'être mal compris, de rater. Avoir le courage de se rendre vulnérable. Quelqu'un disait qu'il faut se méfier de ceux qui disent avoir trouvé et chercher la compagnie de ceux qui cherchent...
Marie-Agnes Chavent-Morel, créatrice des Ateliers d'écriture de l'Arabesque .... Je partage cette impression que parfois tout est là, ici et maintenant, donné à voir, donné à saisir et cependant avec en soi les fêlures créées par le fait même de vivre. C'est là que se place l'écriture, qui borde un trou, qui en suture les contours.
Alors écriture/décryptage des symboles et des correspondances repérés avec sa propre vie, écriture recherche de sens ? Pourquoi pas ?
Pour ma part, je ne pense pas que l'écriture puisse épuiser le mystère des instants, des heures, des jours etc... En revanche,"l'écriture travaille celui qui la travaille" et je l'ai souvent constaté. Elle a parfois éclairé soudainement des aspects de ma traversée de vie que je ne soupçonnais pas.
C'est aussi une coquine car, qui mieux qu'elle peut ouvrir à d'interminables leurres créatifs.
Combien de fois un lecteur ne discerne pas la différence, pourtant réelle, entre le narrateur et l'auteur ? Il n'y a qu'à penser aux critiques proférées à l'encontre de Jonathan Littell, l'auteur des "Bienveillantes"...."
Rédigé par : Marie-Agnes Chavent-Morel | 15 décembre 2007 à 17:07