Tendance à mieux mémoriser une tâche et ses aspects lorsque celle-ci n'a pu être terminée, se traduisant par un meilleur rappel des données concernant des problèmes ou des travaux inachevés.
Ce phénomène de mémorisation discriminante a été mis en évidence expérimentalement par une élève de Kurt Lewin, la russe Bluma Zeigarnik. La Légende veut que sur la terrasse d'un café, Bluma remarquât que les serveurs retenaient l'information concernant la commande tant que celle-ci n'était pas achevée, et le client servi. Dès lors, ils oubliaient tout de la commande à laquelle ils venaient de donner suite. Bluma décida alors avec son mentor, de construire une expérience visant à tester cette intuition.
Lors de l'expérimentation qu'elle mena en 1927, elle demandait à ses élèves de réaliser dans la journée une vingtaine de tâches dont elle donnait les noms, puis invitait les élèves à les réaliser. Pour la moitié d'entres elles, l'expérimentateur interrompait la session avant que la tâche ne soit réalisée, faisant appel à des prétextes plausibles. Après le dernier travail, l'expérimentateur demandait alors de citer le plus possible de noms de tâches entreprises, or, il fut manifeste que les élèves se souvenaient davantage des tâches inachevées que de celles qu'ils avaient terminées.
Selon la conception gestaltiste dont Zeigarnik et Lewin étaient partisans, l'entreprise d'une tâche génère une motivation liée qui nécessite que la tâche soit achevée afin d'être satisfaite. Un travail inachevé empêcherait alors "d'oublier" les détails qui lui sont relatifs, ou bien, la tension laissée par le goût d'inachevé renforcerait la mémoire des éléments liés à cette tâche.
Le caractère motivationnel a par ailleurs été largement étudié, on a ainsi, outre la confirmation de cet effet, appris que :
- Plus la motivation de départ est forte, plus significatif est l'effet Zeigarnik : autrement dit, plus on s'investit ou plus on souhaite réaliser un travail, plus on le retient en mémoire tant qu'il n'est pas achevé.
- Plus on a tendance soi même à disposer d'une forte motivation, plus on est sujet à l'effet Zeigarnik (Johnson et al, 1968)
La supposée tension résiduelle est réduite si l'on effectue, après le travail inachevé, un travail fortement similaire. Cette caractéristique semble confirmer l'existence d'une tension ou d'une motivation interne intrinsèque à la tâche, puisque réaliser une tâche similaire réduit la rétention mémorielle comme si le travail initial avait été achevé ! Source