Les enseignants anglais ont tendance à privilégier l'apprentissage par le jeu. En France au contraire, la notion de plaisir des élèves n'existe qu'en maternelle.
Le professeur Mona Ozouf distingue ainsi «l'ennui mortel» de trop nombreux collégiens du «bon ennui» qui naît dans les intermittences de l'école propice à la rêverie, à la lecture. «Pas de conscience de soi sans rêverie», dit-elle. Il faudrait faire l'éloge de l'ennui alors qu'aujourd'hui ce dernier est «beaucoup moins toléré» qu'autrefois par des adultes obsédés par les «activités» dont ils gavent l'emploi du temps de leurs enfants, dit-elle.
La notion de plaisir à l'école n'intéresse pas grand monde, selon Maroussia Raveaud. L'enseignement par le jeu a toujours suscité la méfiance. Le désir, le plaisir, le jeu sont évoqués dans les programmes de l'école maternelle mais disparaissent complètement à l'école primaire. Il suffit de pénétrer dans une classe anglaise pour voir la différence: l'aménagement y privilégie les espaces consacrés au jeu par rapport aux classes françaises.
La rhétorique des enseignants français est axé sur le «travail» quand le professeur anglais dit à ses nouvelles recrues de quatre ans «on va s'amuser et faire plein de choses». L'idéal anglais demeure celui d'un enseignement où le jeune enfant apprend en jouant, alors qu'en France, l'effort est revendiqué: «Rangez, qu'on se mette au travail!».
Une école anglaise ludique
On retrouve ce contraste dès l'école primaire: à l'âge de 6-8 ans, les petits Anglais expliquent qu'ils vont à l'école pour «apprendre en s'amusant». Leurs camarades français affirment que l'école a comme rôle principal l'apprentissage (68%) et le travail (54%).
Le constat d'élèves de neuf à onze ans ayant pratiqué les deux systèmes en 2009 est significatif: les Anglais ont plébiscité le mercredi non travaillé en France et l'absence d'uniforme mais critiquent l'exigence d'immobilité et de silence. Les petits Français, eux, observent le caractère «plus ludique» de l'école anglaise mais sans le préférer au système français.
Ils profitent de l'absence de devoirs le soir mais trouvent que les apprentissages s'en ressentent... Reste que les professeurs anglais invités dans les classes françaises s'étonnent de l'absence de différentiation pédagogique: un seul exercice est donné à tout le monde, les meilleurs qui ont vite fini, s'ennuient, tous comme ceux qui sont en difficulté.
En France, le goût de l'effort et du travail
Bref, l'ennui serait en France, un «choix pédagogique» assumé. «Une école qui revendique l'effort et le travail peut s'accommoder de moments d'ennui: tout apprentissage ne peut être ludique», résume la chercheuse. Pourtant selon la dernière étude internationale PISA comparant le niveau des élèves de 15 ans dans l'OCDE, les élèves qui prennent le plus de plaisir à lire obtiennent des scores nettement supérieurs à ceux qui en prennent le moins. Or l'enthousiasme pour la lecture a diminué entre 2000 et 2009, dans la majorité des pays de l'OCDE et notamment en France. Le Figaro
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