Stanley Milgram a examiné les différentes conditions de l'obéissance. On a dit aux sujets d'expérience qu'il s'agissait d'une expérience pendant laquelle on devait étudier les effets de la punition sur la conduite éducative. En dehors du sujet d'expérience, un autre soi-disant sujet d'expérience était également présent (un assistant du chef d'expérience) et le chef d'expérience lui-même (un soi-disant professeur de biologie). Le rôle de l'élève ou du professeur était prétendument attribué au hasard. Le véritable sujet d'expérience était cependant toujours l'enseignant.
Dans une pièce séparée, le soi-disant “élève”, muni d'électrodes aux poignets, était attaché sur une chaise. L“enseignant” avait une console devant lui avec au total trente boutons sur lesquels étaient marquées des tensions de 15 à 450 volts. De plus, des périphrases étaient fixées, par exemple, le secteur jusqu'à 60 volts était signalé comme “choc léger”, le secteur entre 120 et 180 volts comme “choc fort” et le secteur au-dessus de 420 volts était seulement marqué par “XXX”. L'élève devait maintenant faire de simples associations de mots. L'enseignant devait envoyer une décharge électrique lors de chaque mauvaise réponse. Le chef de l'expérience expliquait que les décharges électriques pouvaient être extrêmement douloureuses, cependant, elles ne causeraient aucun dommage durable. L'intensité des chocs devait être augmentée graduellement, c'est-à-dire en cas d'erreurs répétées, celles-ci devaient, à chaque fois, être punies par un degré plus élevé sur l'échelle de voltage. Au début, “l'élève” recevait un léger choc de 45 volts comme essai.
Beaucoup de personnes se sentaient souffrantes, montraient une gêne et des conflits de conscience. Toutefois, 62,5% des participants de l'expérience sont allés jusqu'à la plus haute tension. Dans l'ensemble, la tension maximale atteinte était de 368 volts en moyenne. Aucun des sujets d'expérience a interrompu l'expérience avant la limite de 300 volts – à ce degré, “l'élève” poussait déjà de grands cris.
Milgram, lui-même, a été tellement surpris par ces résultats, qu'il a entrepris de faire une autre série d'essais avec quelques variations. Lors d'un contact direct avec “l'élève” par exemple, le degré de voltage atteint s'est avéré être le pus bas, en moyenne 268 volts. En l'absence du chef d'expérience, le quota d'obéissance était trois fois moins élevé, d'autre part, les sujets d'expérience montraient moins de tendance à l'obéissance quand une deuxième personne initiée, l'assistant, n'avait pas une attitude obéissante. Des expériences ultérieures ont confirmé que les sujets d'expérience s'orientent très fortement d'après l'attitude qu'ont les autres à l'égard de la personne d'autorité, le chef d'expérience. La part des sujets d'expérience, obéissant sans conditions, diminuait de 10% dès que deux autres prétendus “enseignants” participaient à l'expérimentation et qu'ils opposaient de la résistance envers le chef d'expérience. Si ces deux “enseignants” approuvaient cependant la continuation de l'expérience, 90% des sujets d'expérience le faisaient également. En outre, il s'est avéré dans de nombreuses variations de l'expérience que la question de la présence de la “personne d'autorité” jouait un rôle important. On n'a pas constaté de différences entre les femmes et les hommes. De même, l'expérience a été réalisée dans plusieurs pays avec des résultats semblables.
Par la suite, de sérieuses réserves éthiques contre cette expérience ont été émises. La question pourrait se poser, si on avait souligné aussi fortement le caractère douteux de l'expérience, si les résultats avaient montré que les gens ne suivent pas les instructions immorales du chef d'expérience, par conséquent que les gens ne se comportent pas avec autant de “crédibilité en l'autorité”. Chez les sujets d'expérience, des dégâts de longue durée n'ont pas été constatés, au contraire, plus de 80% des sujets de l'expérience ont déclaré être contents d'y avoir participé.
L'expérience a pu montrer avant tout clairement l'influence que des personnes qui jouissent d'un grand crédit ou d'une autorité et de pouvoir peuvent exercer sur d'autres, même sans les menacer de violence ou de sanctions ou, à l'inverse, promettre des récompenses. Cependant, elle a pu également démontrer que les gens se laissent influencer par d'autres, en particulier quand les autres sont en majorité. Milgram lui-même a ajouté à ce sujet : “J'ai exécuté une simple expérience dans l'université de Yale pour découvrir combien de douleurs un citoyen ordinaire peut faire subir à un autre uniquement parce qu'un scientifique le lui demande. Une autorité rigide s'est opposée contre les principes moraux forts des participants de ne pas blesser d'autres personnes, bien que les cris des victimes résonnent dans les oreilles des personnes qui exécutaient les tests, dans la plupart des cas, c'est l'autorité qui gagnait. La disposition extrême de gens adultes de suivre une autorité presque à volonté, est le résultat principal de l'étude et un fait qui nécessite une explication de toute urgence.” (Milgram, 1974). Cependant, cette explication n'a pas pu être donnée clairement jusqu'à ce jour.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.