"L'université vit une crise terrible, car le savoir, accessible partout et immédiatement, n'a plus le même statut. Et donc les relations entre élèves et enseignants ont changé. Mais personnellement, cela ne m'inquiète pas. Car j'ai compris avec le temps, en quarante ans d'enseignement, qu'on ne transmet pas quelque chose, mais soi. C'est le seul conseil que je suis en mesure de donner à mes successeurs et même aux parents : soyez vous-mêmes ! " Michel Serre dans "Libération, 3 septembre 2011
Psychologues, philosophes et pédagogues supposent depuis toujours que l’être humain est habité d’un désir d’apprendre. Ce désir est attaché à la personne de la naissance à son dernier souffle. Chacun de nous doit mettre en œuvre tout ce qui est en son pouvoir pour susciter, soutenir, entretenir ce désir. Aucune école, aucune formation n’a le pouvoir de le générer à notre place, tout au plus peut-elle le favoriser.
Apprendre, cultiver notre curiosité et notre désir d’avancer et de découvrir, tous les jours, une nouvelle facette de la vie, cela s’apprend. Apprendre, c’est d’abord un processus d’ouverture qui demande de la souplesse. Puisque nous retenons en premier lieu les informations qui s’inscrivent dans notre propre conviction, qui nous font plaisir, nous touchent et nous confortent dans notre position, nous négligeons et rejetons toutes les autres, même si celles-ci sont utiles. Apprendre, c’est alors autant évacuer des savoirs peu adéquats que s’en approprier d’autres !
Chaque personne comprend, se souvient et mobilise son savoir de façon différente. Certains se fabriquent des images dans leur tête, d’autres entendent des mots, d’autres encore ont besoin d’imaginer des sensations ou un mouvement. En général, nous devons à peu près 1 % de ce que nous savons au goût, 2% de ce que nous savons au toucher, 4 % de ce que nous savons à l'odorat, 10 % de ce que nous savons à l'ouïe, 83 % de ce que nous savons à la vue. Nous retenons approximativement 10 % de ce que nous lisons, 20 % de ce que nous entendons, 30 % de ce que nous voyons, 50 % de ce que nous entendons et voyons et 70 % de ce que nous décrivons tout en le faisant.
Stanley Milgram a examiné les différentes conditions de l'obéissance. On a dit aux sujets d'expérience qu'il s'agissait d'une expérience pendant laquelle on devait étudier les effets de la punition sur la conduite éducative. En dehors du sujet d'expérience, un autre soi-disant sujet d'expérience était également présent (un assistant du chef d'expérience) et le chef d'expérience lui-même (un soi-disant professeur de biologie). Le rôle de l'élève ou du professeur était prétendument attribué au hasard. Le véritable sujet d'expérience était cependant toujours l'enseignant.
Dans une pièce séparée, le soi-disant “élève”, muni d'électrodes aux poignets, était attaché sur une chaise. L“enseignant” avait une console devant lui avec au total trente boutons sur lesquels étaient marquées des tensions de 15 à 450 volts. De plus, des périphrases étaient fixées, par exemple, le secteur jusqu'à 60 volts était signalé comme “choc léger”, le secteur entre 120 et 180 volts comme “choc fort” et le secteur au-dessus de 420 volts était seulement marqué par “XXX”. L'élève devait maintenant faire de simples associations de mots. L'enseignant devait envoyer une décharge électrique lors de chaque mauvaise réponse. Le chef de l'expérience expliquait que les décharges électriques pouvaient être extrêmement douloureuses, cependant, elles ne causeraient aucun dommage durable. L'intensité des chocs devait être augmentée graduellement, c'est-à-dire en cas d'erreurs répétées, celles-ci devaient, à chaque fois, être punies par un degré plus élevé sur l'échelle de voltage. Au début, “l'élève” recevait un léger choc de 45 volts comme essai.
On ne se souvient que d'un pourcentage de ce qui se passe dans une leçon:
Nous devons à peu près
Nous retenons approximativement
Source : Lang, H., McBeath, A. & J.File. (1995) — Teaching Strategies and Methods for Student-Centered instruction.
L'université de Weimar à développé un questionnaire - en français - qui aide à découvrir ses stratégies d'apprentissage.
Les 7 profiles d'apprentissage par Jean François Michel.
Les théories psychologiques ont contribué à renouveler les méthodes d'enseignement. Pédagogie par objectifs, enseignement par la découverte, auto-évaluation... chaque modèle met en relief une dimension d'un bon apprentissage.
Dans une salle de cours, un enseignant fait un exposé sur le sens que l'on doit donner à une nouvelle de Maupassant. Les élèves écoutent et prennent des notes... Dans une autre salle, des élèves réunis en groupes de travail discutent du texte de Maupassant. Dans une troisième salle, un enseignant anime le groupe-classe et échange avec les élèves : comment ont-ils compris le texte ? Quelles stratégies ont-ils utilisé pour donner du sens ?
S'il est vrai que l'enseignant doit maîtriser les contenus d'apprentissage, il doit aussi les faire acquérir. Pour y parvenir, il peut choisir parmi plusieurs formes pédagogiques : exposé magistral suivi d'exercices à compléter, approche par la découverte, mise en situation de problèmes à résoudre, apprentissage coopératif, etc.
La méthode analytique
Elle procède par décomposition du sujet. On décompose un ensemble en ses éléments constitutifs, ses éléments essentiels, afin d’en saisir les rapports et de donner un schéma général de l’ensemble.
La méthode synthétiqueElle procède par réunion et composition des éléments. On passe des éléments constitutifs à l’ensemble qui les regroupe. On passe du simple au composé, c’est-à-dire des éléments constitutifs d’un ensemble au tout qui les réunit. Elle procède par association ou combinaison des idées et des concepts.
La méthode déductive
Elle consiste à passer des propositions prises pour prémisses à des propositions qui en résultent, suivant des règles logiques. Dans la pratique, la méthode consiste à appliquer un principe général à un cas particulier.
La méthode inductive
Il s’agit d’une opération mentale qui consiste à passer des faits à la règle, c’est-à-dire des cas singuliers ou spéciaux aux propositions plus générales. On procède par inférence et par analogie, c’est-à-dire par comparaison et extension aux phénomènes semblables à celui étudié. La méthode objective Elle consiste à décrire de façon neutre et méthodique une réalité ou un phénomène, indépendamment des intérêts, des goûts ou des préjugés de celui qui effectue la description. Cela signifie qu’il faut considérer l’objet d’étude comme existant hors de l’esprit, de façon autonome et indépendante. Le fondement ultime de la méthode objective est la séparation stricte du sujet qui effectue la recherche et de l’objet sur lequel porte l’étude.La méthode dialectique
Il s’agit d’une démarche intellectuelle qui envisage toujours la chose et son contraire, avant d’en déduire une synthèse. De cette confrontation de points de vue, proches ou contradictoires, le chercheur est censé tirer des conclusions susceptibles de donner un aperçu général et complet du sujet, autrement dit une « synthèse » claire et objective impliquant une étude argumentée. La méthode dialectique apparaît comme un art de construire une connaissance vraie et de présenter une étude fiable et non partisane, éloignée des opinions tranchées ou des prises de positions radicales.La méthode systémique
La méthode systémique consiste à considérer l’objet d’étude comme un « système », c’est-à-dire comme un ensemble d’éléments complexes en relation de dépendance réciproque. Elle vise à schématiser cet ensemble afin d’aboutir à une modélisation qui permette d’agir sur lui. Le chercheur peut y recourir dès qu’il est possible de définir un système (objet d’étude structuré et délimité).
Université de Fribourg